Etape 25 - Bruges - Au sommet du grand beffroi
Lundi 4 février 2019. Voici donc le beffroi de Bruges*** qui se dresse au nord de la place du Markt. Au premier plan, et au-dessus des stands du marché, la statue des deux héros brugeois de 1302.

Construit en plusieurs étapes du XIIIe au XVe siècle, le beffroi de Bruges est aujourd'hui classé au patrimoine mondial de l'humanité, à l'instar de tous les autres beffrois flamands, de France, de Belgique et de Hollande.
À l'emplacement de l'actuel beffroi de Bruges se trouvait à l'origine une première construction surmontée d'une tour en bois érigée en 1240. La construction abritait les halles aux laines et aux draps et des entrepôts. La tour avait une fonction plus administrative et servait à l'époque aux magistrats de la ville. Elle comportait une salle de coffres ainsi que les archives de la ville.

Un incendie détruisit la tour en 1280, ce qui entraîna la destruction des archives d'avant 1280. Un hôtel de ville fut construit sur le « Burg ». La tour fut alors reconstruite au même emplacement, sur la halle au draps, à la fin du XIIIe siècle, avec les deux hauts soubassements quadrangulaires superposés en brique que l'on observe aujourd'hui, et la base des quatre tourelles aux angles avec flèches en pierre au sommet, qui rappellent celles du beffroi d'Ypres qui sont antérieures. La tour était alors surmontée par une flèche en charpente. C'est l'un des plus anciens exemples de l'architecture gothique en brique en Flandre.
Les halles de la ville se sont étendues au cours du XVe siècle et notamment entre 1482 et 1486. On abattit alors la flèche de bois pour construire à la place la saisissante partie supérieure de forme octogonale, en pierre blanche cette fois, puissante et élancée, surmontée d'une délicate couronne ajourée, dans le nouveau style gothique brabançon. Et on remania les quatre anciennes tourelles d'angle pour en faire des pinacles reliés à l'octogone par des arcs boutants, surmontés de nouvelles flèches en pierre blanche. Cette adjonction, visible de très loin, assez sobre et élégante, augmenta de plus d'un tiers la hauteur de la partie en maçonnerie de la tour
Cette nouvelle partie octogonale était elle-même surmontée d'une flèche en bois (charpente couverte d'ardoises et ornée de lucarnes, clochetons, éventuel bulbe, hérissée d'épis et sculptures dorées, etc., comme pour de nombreux autres beffrois flamands) au sommet de laquelle figurait une statue de Saint Michel. La tour était ainsi significativement plus haute qu'aujourd'hui et elle a été le plus haut beffroi médiéval de Flandre (il est aujourd'hui dépassé par le beffroi de Gand).

Les halles se trouvant sous la tour avaient une fonction commerciale. Elles étaient composées de plusieurs salles où les artisans, avec l'aval de la ville, commercialisaient leurs produits. Au deuxième étage se trouvait une chambre forte (la salle du Trésor) et les archives de la ville. Les comptes annuels datant d'après 1281 sont tous conservés. Ils étaient rédigés en latin jusqu'en 1300, puis en langue populaire au-delà de cette date.

Pour accéder au sommet du beffroi, il faut grimper les 366 marhes qui mènent à la terrasse supérieure. En chemin, si je puis dire, des haltes culturelles sont prévues. Et notamment la chambre du trésor accessible après seulement 55 marches où étaient conservées les précieuses chartes commerciales de la ville, protégées derrière des grilles de fer forgé et enfermées dans des coffres à serrures multiples. Le bourgmestre et les huit échevins avaient chacun une clé, et il fallait absolument la présence des neuf au complet pour en actionner l'ouverture.

A la 112e marche, petit arrêt pour contempler le panorama. Après 220 marches, on a une belle vue sur la cloche qui pèse pas moins de 6 tonnes. Elle s'appelle "Victoire".

Un petit escalier de bois (attention à ne pas tomber !) amène naturellement à la marche 333, où est placé le mécanisme qui actionne le carillon de 47 cloches. Après 352 marches, voici la pièce où le carillonneur donne l'aubade trois fois par semaine les soirs d'été...
Enfin, on arrive au bout des 366 marches... Et là, la déception est aussi grande que l'effort fournit pour grimper jusque là. Les autorités ont placé là un immense grillage pour empêcher les chutes (il faudrait vraiment être maladroit pour tomber, ou bien le vouloir !) qui gâche vraiment la vue... et les photos ! Du coup, je m'en remets au petit objectif de poche de mon portable pour prendre quelques clichés. Quelle déception !
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Pour la petite histoire, les lois et règlements de la ville furent proclamés du haut du balcon situé au-dessus de la porte d'entrée devant le peuple invité au rassemblement par la cloche du beffroi. En plus de porter l'horloge officielle et le carillon de la ville, la tour servait aussi de tour de garde pour déceler les incendies en ville. |
Vraiment dommage que ce satané grillage gâche toutes mes tentatives pour prendre quelques photos, car la vue sur la ville est absolument fantastique. Depuis le sommet de la tour, toute la vielle ville de Bruges s'articule dans un enchevêtrement de rues médiévales qui n'ont pas été modifiées depuis des siècles.

En plongeant le regard vers le bas, toutes les maisons de la vieille ville prennent des allures de maisons de poupées. Splendide.

Pour la petite histoire encore, avant le XVIe siècle, les cloches étaient actionnées manuellement. Le fait de sonner les cloches avait une signification particulière, notamment : l'ouverture et la fermeture des portes de la ville ; une « cloche de travail » qui indiquait le début et la fin du temps de travail. Il était alors interdit de travailler avec une luminosité insuffisante ; une cloche qui annonçait quand il n'était plus permis d'être en rue sans torche ; des cloches festives (par exemple, pendant la procession du Saint-Sang à Bruges).

À partir de 1523 un tambour, actionné par une horloge, servit à automatiser certaines cloches (comme sonner les heures). Grâce à ce tambour, il fut également possible de jouer des partitions (profanes et religieuses). À partir de 1604 les autorités de la ville louèrent les services d'un carillonneur pour faire cela les dimanches, jours fériés et jours de marché.

En 1675 le carillon était composé de 35 cloches, conçues par l'Anversois Melchior de Haze. Après l'incendie de 1741 le carillon fut équipé de 47 cloches, fondues par Joris Dumery, pour un total de 27,5 tonnes. Elles sont encore utilisées actuellement.



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